PRISON-CO
Projet scientifique
Description du projet
Pourquoi étudier le cancer en prison ? La légitimité de l’objet de recherche :
Au cours des 40 dernières années, la population carcérale a presque doublé en France, pour atteindre actuellement environ 60 000 détenus. Beaucoup de ces personnes sont incarcérées dans un contexte de rupture des liens sociaux et d’accès aux soins. Par ailleurs, il est connu que l’expérience de l’incarcération est associée à un état de santé plus dégradé pour les détenus par rapport à la population générale et enregistrent des facteurs de risque de cancer tels que la consommation de tabac et d’alcool, l’hépatite C, le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), les infections par le papillomavirus humain (VPH). En outre, dans la littérature, les données ont montré que les taux d’incidence et de prévalence du cancer sont plus élevés que dans la population générale. Par exemple, les cancers du col de l’utérus, du sein, du poumon et colorectal sont surreprésentés dans la population carcérale.
De plus, les cancers incidents semblent être diagnostiqués à un stade tumoral plus avancé chez les détenus que dans la population générale. Les taux élevés de prévalence du cancer en prison interrogent les modalités d’accès des détenus à un parcours de soins spécialisés. À titre d’exemple, un article publié dans The New England Journal of Medicine a montré qu’après la libération de prison, le taux de mortalité lié au cancer chez les anciens détenus était de 50 % plus élevé que celui de la population générale (risque relatif (RR) 1,67, IC 95 % [1,2-2,2]) et que le cancer était la deuxième cause de mortalité chez les détenus actuels et les anciens détenus, après les maladies cardiovasculaires.
Quant aux douleurs liées au cancer, selon la littérature disponible, elles sont faiblement prises en compte en prison en raison, notamment, de la réticence des praticiens à prescrire de la morphine, du fait de leur crainte d’une mauvaise utilisation des médicaments et du « manque de fiabilité des patients ». Enfin, les prisons sont connues comme des environnements peu appropriés pour fournir aux détenus des soins de fin de vie cliniquement pertinents.